Au fil des aiguilles

Depuis toujours, Clara s’était méfiée des aiguilles, même les plus petites. Elle évitait les piqûres et retardait systématiquement ses visites médicales, jusqu’au jour où un simple contrôle devint urgent.

Le cabinet médical, pourtant familier, lui sembla ce matin-là un lieu de tension et d’attente pesante. Elle observait les gestes calmes de l’infirmière, le matériel posé avec soin, mais le souvenir d’une douleur passée hantait ses pensées.

Lorsqu’elle reçut la traditionnelle injection, sa main trembla légèrement, mais à sa grande surprise, la sensation précédait rarement le malaise qu’elle imaginait. Ce petit moment acheva une peur qu’elle croyait immuable. Pourtant, un malaise différent survenait : l’anxiété de ce qu’elle projettait au-delà de cette piqûre.

Dans les jours qui suivirent, Clara ouvrit une nouvelle page. Elle nota ses sentiments, fut attentive à la façon dont elle envisageait son corps et ses soins. Cette démarche intérieure, plus qu’un simple franchissement d’une hantise, devint un dialogue inédit avec elle-même.

Ce récit n’est pas celui d’une victoire éclatante, ni d’une transformation radicale. C’est celui d’un pas discret, d’une prise en compte de ses fragilités comme autant d’opportunités de croissance. La santé, comprit-elle, ne s’impose pas toujours brutalement, elle s’apprivoise parfois lentement et patiemment.

Clara continua de se soigner avec cette nouvelle douceur envers elle-même, consciente que certaines cicatrices, invisibles ou non, demandent du temps pour s’apaiser, sans qu’il soit nécessaire de tout régler ou comprendre d’un coup.